Jean-Claude Larronde


Izan, un collectif abertzale
au tournant des années 1980


par Jean-Claude Larronde

A la fin des années 1970, a vu le jour en Iparralde un groupe de militants qui prit le nom de  Izan  et s’auto-définissait comme «Collectif abertzale autogestionnaire» ; ce groupe eut une action politique jusqu’au début de l’année 1984.
Après avoir rendu hommage aux militants aujourd’hui disparus d’Izan, en particulier Michel Burucoa, Jean Idieder, Jean Espilondo (de Bidart) et Eñaut Larralde, je mentionnerai les principaux leaders : Jakes Abeberry (sur le plan politique) et Patxi Noblia (sur le plan économique).
A l’automne 1978, le panorama abertzale était loin d’être satisfaisant pour ceux qui allaient être les fondateurs de ce groupe : on distinguait un mouvement socialiste EHAS jugé quelque peu sectaire et qui avait enregistré un score électoral très faible aux législatives du mois de mars dernier (3,6% des suffrages exprimés), des militants très radicaux qualifiés comme « le courant du refus », et un courant prônant la violence, Iparretarrak. En résumé, l’expression du courant abertzale était jugée sans grande prise sur la réalité, relativement inefficace et peu crédible. Un vide était ressenti. Des   « Assises abertzale » furent convoquées pour le dimanche 29 octobre 1978 à Ustaritz (Landagoyen) avec trois objectifs : limiter l’éparpillement des énergies ; coordonner les « indépendants » et « inorganisés » et améliorer l’efficacité abertzale sur les plans économique, culturel et politique. Deux militants, parmi ceux à l’origine de cette réunion —qui réunit 115 personnes— Patxi Noblia et Ramuntxo Camblong expliquaient dans Enbata : « Au lieu de parler organisation ou parti, on dit problèmes qui se posent à nous et solutions qui peuvent se trouver et à partir de là essayons d’établir l’organisation qu’il faudra, organisation qui n’a rien à voir avec une forme de mouvement ou de parti ».
Après plusieurs réunions auxquelles participèrent près de 200 personnes, le projet fut présenté lors d’une conférence de presse début janvier 1979 à Bayonne animée par Henri Duhau, Jean Roch Guiresse, Mikel Ithurbide, Patxi Noblia, Eñaut Larralde et Jean Espilondo. Puis, le dimanche 28 janvier 1979 au restaurant Chilbendea de Hasparren, une assemblée de 80 personnes décida de créer Izan. Izan ne se voulait pas un mouvement, encore moins un parti politique, mais une structure de travail provisoire qui permettait à ses militants la double appartenance, par exemple avec d’autres organisations abertzale (mais on peut remarquer que cette double appartenance ne trouva guère à s’appliquer, en tous cas pas avec des mouvements abertzale) ; cette structure de travail entendait enclencher un faisceau de «micro réalisations qui additionnées, engagent le peuple basque dans la voie de sa libération pour ce qui concerne son identité, sa langue ou son économie». 
Izan se voulait autogestionnaire, c'est-à-dire que ce collectif entendait donner la parole et le pouvoir de décision à la base, chacun devant se prendre en charge à chaque échelon de la structure de travail, mais les responsables tireront un bilan négatif de cet objectif car le groupe local prévu, le Lan Talde, de 4 à 10 personnes, s’avérera un échec ; seul le Lan Talde du BAB sous la direction efficace de Michel Burucoa aura une existence effective.
Izan fonctionna avec un Bureau, le Biltzar Ttipi, prévu à l’origine pour 5 membres mais qui sera vite élargi et qui se réunira assez régulièrement tous les quinze jours ; les membres de ce Biltar Ttipi : Jakes Abeberry, Jean Espilondo, Jean Idieder, Mikel Ithurbide, Eñaut Larralde, Jean-Claude Larronde, Patxi Noblia, Philippe Oyhamburu, Urtxoa Parot. Huit hommes, une femme !… A Izan, la parité n’était pas encore à l’ordre du jour !... L’Assemblée Générale des adhérents (le Biltzar Nausi) devait se réunir deux fois par an.
Izan se dota d’un local à Bayonne, au 11 rue Bourgneuf (1er étage) à partir de mars 1979 avec un téléphone et une « offset » —instrument obsolète aujourd’hui pour les jeunes générations !— ensuite le local fut transféré toujours à Bayonne, au 17 rue Pontrique (3e étage) à partir de décembre 1980.
Izan se dota surtout d’un permanent en la personne de Jean-Louis Harignordoquy, « Laka », de Baigorri qui commença à travailler à partir du 15 mars 1979. Tous les responsables d’Izan, tous les rédacteurs du Bulletin Intérieur  Izan Hitzak  insisteront sur l’énorme travail extrêmement important accompli par ce permanent, qualifié par Patxi Noblia de « super-permanent » ; quelques chiffres traduisent l’impressionnant travail de Jean-Louis Harignordoquy : durant les premiers six mois suivant son recrutement, il avait visité 234 personnes et adressé 5000 lettres. Le recours à un permanent était, à l’époque, inédit au sein du mouvement abertzale, même si cette pratique se généralisera plus tard.
Un bulletin d’information ayant pour nom Izan Hitzak était édité ; il aura 22 numéros ; le premier numéro sortira en décembre 1979 ; il y aura 8 numéros en 1980, 6 en 1981, 4 en 1982 et 3 en 1983. Ce bulletin sera adressé à 250 personnes environ.
Au point de vue financier, il avait été décidé que les cotisations devaient couvrir le salaire du permanent qui était payé au SMIC et les charges sociales ; le chiffre de 1% des revenus avait été donné aux cotisants à titre indicatif ; de 70 cotisants en juin 1980, le chiffre tomba à 50 en décembre de la même année et sans doute beaucoup moins par la suite si l’on se fie à un article de Jean Idieder qui relève dans le numéro 13 d’ Izan Hitzak  de mai 1981 que «  les cotisations ne rentrent pas. » Les besoins de trésorerie étaient estimés à un minimum de 6000 francs par mois. Il faut dire que le permanent recueillait régulièrement de l’argent pour financer le groupe auprès des personnes qu’il visitait. Plus tard, Jean-Louis Harignordoquy sera le permanent salarié de l’association Hemen.
Dès son origine en 1979-1980, Izan mit en avant cinq chantiers- phares :
1°) La revendication institutionnelle : un département Pays Basque doté d’un Statut de la Langue et de la Culture basques ;
2°) La présence abertzale aux élections municipales en Iparralde : la démarche Herritarki ;
3°) Le développement économique : le Plan 1500 emplois d’ici à 1985 ; la naissance de l’association Hemen et de la Société Anonyme Herrikoa ;
4°) Les échanges transfrontaliers : Le Jumelage Populaire Bayonne- Pampelune et la création de l’association Iruña ;
5°) Au niveau culturel : l’association Ereileak, Fédération des artistes, intellectuels et animateurs culturels basques.
La revendication institutionnelle : un département Pays Basque doté d’un Statut de la langue et de la culture basques
L’étape du référendum
Izan naquit dans les années du giscardisme finissant ; un projet de loi visant à populariser le référendum communal d’initiative populaire avait été voté par le Sénat ; encore fallait-il qu’il soit adopté par l’Assemblée Nationale.
Une assemblée convoquée par Izan se tint au Trinquet Berria de Hasparren le 23 novembre 1979 et réunit près d’une centaine de personnes ; elle décida à l’unanimité moins deux voix et quatre abstentions de porter le débat sur le département Pays Basque au sein même de la population des villes et des campagnes ; il s’agissait d’organiser dans un maximum de communes –là en principe où les maires étaient d’accord pour prendre en charge le scrutin- une consultation populaire sur le thème : « Pour ou contre la création d’un département Pays Basque doté d’un statut de la Langue et de la Culture basques ».
Une commission de travail d’Izan œuvrera dans ce sens de décembre 1979 à juin 1980 ; cette commission tiendra de nombreuses réunions et accomplira un travail important ; elle se rapprochera de « l’Association pour la création d’un Nouveau Département » —AND— qui avait été créée en 1975 et qui était présidée par Albert Viala, maire d’Arcangues et animée par Jacques Saint-Martin, Président de la CCI de Bayonne et par le professeur Jean Haritschelhar ; au printemps 1976, cette association revendiquait 700 adhérents dont 45 maires, mais ses demandes de renseignements à l’Administration départementale sur certains aspects financiers se heurtaient à un mépris de plus en plus affiché du Préfet.
La Commission d’Izan rédigera un argumentaire général, un historique de la revendication du département Pays Basque depuis l’époque des frères Garat, des études sur l’aspect juridique du référendum et sur l’impact socio-économique, recueillera des témoignages sur l’émotion suscitée par la fermeture de la sous-préfecture de Mauléon en 1926 et la suppression du Tribunal de Première Instance de Saint-Palais en 1955 ; elle insistera sur le fait que la Soule était détachée de la CCI de Bayonne et sur la fiscalité départementale. Cette Commission prit aussi des contacts politiques avec les groupes abertzale d’Iparralde, EHAS, Herri Talde et Ezker Berri (on ne peut pas dire que l’enthousiasme fut délirant de la part de ces interlocuteurs !) mais aussi —et cela était nouveau pour le mouvement abertzale— avec des partis politiques hexagonaux : contacts avec le Parti Socialiste facilités par Antxon Lafont, directeur à la CCI de Bayonne, militant à l’époque du PS et d’Izan ( il est à noter que deux autres militants d’Izan, Claude Harlouchet et Maurice Borthayrou avaient la carte du Parti Socialiste ; il furent fortement encouragés par Jakes Abeberry à la conserver pour le moment !) ; ces contacts avec le PS furent établis avec Christian Laurissergues, député du Lot-et-Garonne et délégué général du PS aux Identités Régionales, basque par sa mère, et avec le PS Côte Basque représenté notamment par André Tassy, Jean-Pierre Destrade et Nicole Péry ; des contacts furent pris aussi avec le Parti Républicain ou encore avec une forte délégation du CDS local chez Didier Borotra (Didier Borotra, Bernard Darretche, Pierre Létamendia, Michel Labéguerie et Michel Epherre). Chaque fois, l’entrevue fut cordiale mais le projet de consultation populaire rencontrait des avis plus mitigés que le Plan 1500 emplois présenté par la même occasion et qui lui, recueillait une large approbation. Le nom des militants d’Izan, différents chaque fois, qui participèrent à ces rencontres : Jakes Abeberry, Jean Espilondo, Antxon Lafont ,Patxi Noblia, Ramuntxo Camblong, Iñaki Hernandorena, Mikel Ithurbide, Jean-Roch Guiresse, Christian Laprérie et moi-même. Jakes Abeberry était pratiquement de toutes les réunions.
De nombreux maires furent approchés, les contacts étant facilités par Marie-Andrée Arbelbide, maire de Hélette, par Paul Dutounier, maire de Sare et Président du Biltzar des maires du Labourd et surtout par Michel Berger, maire de Villefranque, présent à de nombreuses réunions comme à la mairie de Tardets en avril 1980 pour une réunion avec des maires souletins. Izan recueillit les signataires de ces maires qui se déclaraient en faveur de ce référendum ; Izan initia une campagne de signatures de ces maires mais aussi de sportifs (joueurs de rugby et de football, pilotaris), d’académiciens basques, de prêtres, de syndicalistes ouvriers et agricoles).
L’Association des Elus pour un département Pays Basque
Après ce travail important, le terrain était largement déblayé pour la création de « l’Association des élus pour un département Pays basque » qui verra le jour le 21 juin 1980 lors d’une Assemblée Générale Constitutive à la mairie de Macaye à laquelle assistèrent au nom d’Izan, Jakes Abeberry et moi-même. Aux termes de l’article 1 des Statuts, il s’agissait de « préparer les conditions favorables à l’organisation de tous types de consultations populaires permettant aux habitants des différentes communes de se prononcer sur la création d’un département Pays basque, doté de statuts des langues et cultures locales ». 41 maires adhéraient à cette Association dont le siège était fixé à la mairie de Hélette. La présentation de cette association eut lieu le 8 juillet 1980 lors d’une Conférence de presse à Mauléon dans une salle de classe préfabriquée d’une école de quartier accordée par la mairie ; cela reflétait assez la froideur avec laquelle ce projet était reçu en Soule. Animèrent cette Conférence de presse, Andde Luberriaga, maire d’Ascain et Conseiller Général du Canton d’Ustaritz, Paul Dutournier, Michel Berger et Jean-Pierre Larramendy, adjoint au maire de Hasparren.
Les réactions hostiles à cette initiative ne se firent pas attendre : parmi celles-ci, on peut citer Victor Mendiboure, maire d’Anglet, qui qualifia le projet d’ « irréaliste » ; le Préfet, qui écrivit une lettre menaçante à tous les maires membres de l’association ; le RPR ( ses parlementaires, le Président du Conseil Général Frantz Duboscq et le Bureau Départemental) qui jugea le projet rien moins que « suicidaire » ; Henri Grenet, maire de Bayonne, qui maintenant se déclarait partisan d’une région de l’Adour comprenant un département regroupant les trois provinces basques et l’arrondissement de Dax ; le ministre de l’Intérieur Christian Bonnet qui, lors d’une visite à Oloron au début de mars 1981, s’opposa au département « dit basque » ; le candidat à sa réélection à la présidence de la République, Valéry Giscard d’Estaing qui déclara quelques jours avant le scrutin de mai 1981 : « La vitalité d’une culture et la reconnaissance d’une identité ne passent pas nécessairement par la modification d’un cadre administratif ».Toutes ces réactions hostiles n’empêchaient pas plus de 150 élus d’adhérer à cette association.
Concernant cette Association des élus, on peut noter que Jean Aniotzbehere, nouveau maire de Sare fut élu à sa tête en juillet 1983 en remplacement de Michel Berger, qu’elle joua un grand rôle dans l’organisation du vote du Biltzar des maires en faveur d’un département Pays Basque (à 64% en octobre 1996) et qu’elle existe toujours, présidée par Sauveur Bacho, maire d’Arberats.

L’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République et de Jean-Pierre Destrade comme député de la Côte Basque
Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République puis le 21 juin, celle de Jean-Pierre Destrade comme député de la Côte Basque allaient changer la donne politique.
Surtout que depuis plusieurs mois, on avait noté une évolution notable du Parti Socialiste dans le cadre de sa philosophie générale du « droit à la différence ». « La proposition de loi portant création d’un département Pays Basque » présentée par tous les membres du groupe socialiste et apparentés, était enregistrée à la présidence de l’Assemblée Nationale le 18 décembre 1980. L’exposé des motifs indiquait : « Prenant en compte la nécessité de rendre sa dignité et sa culture au peuple basque de France…le Parti Socialiste estime nécessaire que soit créé un département nouveau portant le nom de Pays basque. » François Mitterrand —en tant que député— était signataire de cette proposition dont le principal artisan était Christian Laurissergues. Il serait intéressant de demander aujourd’hui à Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de la Défense s’il se souvient d’avoir été le signataire de cette proposition de loi. A mon sens, il est inutile de poser la même question à Henri Emmanuelli, autre signataire ; il est sûr qu’il a complètement oublié cela.
Cependant, au début mars 1981, au cours d’une réunion à Anglet, Christian Laurissergues, Nicole Péry et Jean-Pierre Destrade déclaraient que le référendum prévu était « anticonstitutionnel ». Izan en conséquence mettait tous ses espoirs dans une victoire socialiste à la présidentielle et abandonnait de fait, l’idée de référendum qu’il avait portée jusque là.
Dans le cadre de sa campagne, le candidat François Mitterrand s’engagea nettement : d’une part, parmi ses «  110 propositions pour la France », la proposition 54 énonçait : « Un département Pays basque sera créé » et d’autre part, il écrivit une lettre personnelle aux présidents des deux associations militant pour le département Pays Basque dans laquelle il déclarait qu’il ne pouvait être que favorable à cette initiative.
Sur le plan culturel, on notait la proposition de loi du député socialiste Louis Le Pensec concernant la place « des langues et cultures des peuples de France » d’avril 1981 et la proposition 56 de Mitterrand : « La promotion des identités régionales sera encouragée. Les langues et les cultures minoritaires respectées et enseignées ».
S’appuyant sur toutes ces bonnes intentions, un groupe de 40 abertzale, pour la plupart militants d’Izan, appelèrent dans Enbata à voter pour Mitterrand puis pour Destrade.
Après l’élection de Mitterrand puis la majorité absolue obtenue par le Parti Socialiste à l’Assemblée Nationale, les conditions paraissaient extrêmement favorables pour la création de ce département réclamé par les Basques depuis deux siècles. Izan allait-il toucher son but ? Il décidait en tous cas de rester vigilant.

Hitza Hitz, Comité de vigilance et de dialogue
Le 20 août 1981, le groupe des 40 abertzale, réuni à Hasparren, décida de se constituer en Comité de vigilance et de dialogue ayant pour nom : « Hitza Hitz » et élit un Bureau Provisoire composé de Ramuntxo Camblong, Daniel Landart, Argitxu Noblia et Jean-Louis Harignordoquy ; les interlocuteurs étaient désignés : Jean-Pierre Destrade, le Comité directeur PS du Pays Basque, Christian Laurissergues.
Hitza Hitz rencontrera à diverses reprises ces interlocuteurs mais sans constater aucune avancée. Le 11 mars 1982, au Relais International de Saint-Jean-de-Luz, Hitza Hitz avait invité les candidats du PS aux cantonales pour un dîner-débat ; les membres présents entendront Frantxua Maitia leur déclarer sans rire : « Nous sommes prêts à traduire Gaston Defferre (Ministre de l’Intérieur qui avait dit non au département Pays Basque) devant la Commission des conflits…Lorsqu’il y a conflit entre le Parti et le Gouvernement, il fait l’objet d’un examen par une Commission mixte et le dernier mot appartient au parti… Un militant socialiste ne peut accepter que le Ministre de l’Intérieur traite ce problème selon sa bonne humeur… »
Malgré le peu de résultats obtenus du Pouvoir quant à la mise en œuvre des réformes promises au Pays Basque concernant le département ( pas de délégué interministériel nommé, pas de «M. Pays Basque» nommé à l’instar de ce qui s’était fait pour la Corse), mais aussi sur le plan des ikastolas qui étaient dans une situation financière catastrophique et sur le plan des réfugiés (qui n’avaient pas vu leur statut de réfugié politique rétabli ; il avait été supprimé par Giscard en juin 1978), le groupe des 40 abertzale appelait à voter pour les cantonales de mars 1982 en faveur des candidats du PS et dans le nouveau canton de Saint Pierre d’Irube en faveur de Michel Berger. Ces élections cantonales verront d’ailleurs un raz de marée de la droite, seul le canton de Bayonne Nord restant aux mains de la gauche.
L’attentat de Baigorri qui verra la mort de deux CRS attirera ce communiqué de la part de Hitza Hitz : « L’acte de folie meurtrière de vendredi soir 19 mars 1982 à Baigorri, d’où qu’il vienne, nous apparaît comme une provocation grossière, inadmissible dans la situation actuelle du Pays Basque ».
Une demande d’audience à François Mitterrand en octobre 1982, puis une autre au début de 1983 ne recevront aucune réponse ; une délégation d’Hitza Hitz sera simplement reçue le 18 janvier 1983 à l’Elysée par le sénateur Charasse, conseiller de François Mitterrand ; ce sera pour s’entendre dire des banalités qui avaient dû lui être soufflées par le Préfet, du genre : « Les Basques sont minoritaires en Pays Basque » ou encore « Bayonne n’est pas en Pays Basque ».
Hitza Hitz enverra encore une lettre au PS du Pays Basque en octobre 1983, dans la perspective du Congrès du PS à Bourg-en-Bresse pour lui rappeler que « seule de l’ensemble de la proposition 54 des 110 propositions pour la France, la réforme basque est restée lettre morte » mais le cœur n’y était plus et le 3 février 1984, au local d’Izan de la rue Pontrique, Hitza Hitz constatait : « A mi-parcours de la législature, sans nier quelques avancées, la désillusion est grande ». De plus, depuis quelques semaines, 6 réfugiés basques avaient été expulsés au Panama et 41 réfugiés étaient en grève de la faim à la Cathédrale de Bayonne. Hitza Hitz ne pouvait que constater la rupture de la parole donnée et partant, ne pouvait que décider sa dissolution.

Les réponses du pouvoir
Sur le plan de la création du département, il est inutile de revenir en détail sur cette question qui est bien connue : rappelons brièvement le titre à la une de Sud Ouest du samedi 9 février 1982 : « Gaston Defferre à Sud Ouest : Non au département basque ». Le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation nuancera en disant : « Je veux encore réfléchir à ce problème, voir comment on peut engager mon action, quelle méthode adopter » ; n’empêche qu’il avait bel et bien déclaré à Sud Ouest : « La solution ne sera pas fournie par la création d’un département basque ». Le 23 février 1982, Gaston Defferre reçut Place Beauvau une délégation du Pays Basque composée tout à la fois de partisans mais aussi d’adversaires résolus du département. Clémenceau disait : « Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission » ; Gaston Defferre lui, après cette entrevue, créa une Mission Interministérielle pour le Pays Basque, la Mission Ravail, du nom d’un inspecteur de l’Administration au Ministère de l’Intérieur. Cette Mission qui vint au Pays Basque en mai 1982 remit au ministre un rapport qui préconisait la création d’un Conseil de Développement du Pays Basque, création qui d’ailleurs se heurta dans un premier temps à la mauvaise volonté de la majorité de droite du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques. Le Comité Hitza Hitz avait opportunément mais sans résultat rappelé à la Mission Ravail : «Une simple déconcentration sur Bayonne serait contraire à l’esprit de la décentralisation de l’actuel pouvoir».
Sur le plan culturel, des «Assises de la Culture basque» avaient eu lieu à partir de septembre 1981 au Musée Basque pour rédiger le Statut de la Langue et de la Culture Basques qu’entendait mettre en place l’Association des Elus ; 4 commissions furent créées : mass media, patrimoine, structures et stratégie, enseignement. Une délégation des Assises fut reçue en mars 1982 par un obscur Chargé de mission à la Présidence de la République. Là encore, on restait bien en deçà des espoirs, d’autant que le rapport d’Henri Giordan remis à Jack Lang, Ministre de la Culture en février 1982 et intitulé « Démocratie culturelle et Droit à la différence » contenait cette phrase : « Nous plaiderons en faveur de l’adoption d’un principe de réparation historique vis-à-vis des langues et cultures minoritaires. » De simples vœux pieux, de bonnes paroles… Du moins, en avril 1984, eut lieu un regroupement de 25 associations culturelles basques sous le nom de « Pizkundea » avec pour président Jean Haritschelhar et secrétaire général, Jakes Abeberry et deux mois plus tard, un Centre Culturel du Pays Basque était créé avec comme président Ramuntxo Camblong, auquel on avait eu la délicatesse d’adjoindre comme vice-présidents, les enthousiastes de la culture basque qu’étaient le préfet des Pyrénées- Atlantiques et le conseiller général de Hasparren, Jacky Coumet.

La présence abertzale aux élections municipales en Iparralde : la démarche Herritarki en vue des municipales de 1983.
Dans le numéro 10 d’Izan Hitzak, de janvier 1981, Jakes Abeberry écrira un article intitulé : « Pour une stratégie municipale ». Il posait la question de savoir si une stratégie municipale abertzale était envisageable pour l’ensemble du Pays Basque Nord pour les municipales de 1983. S’y prendre plus de deux ans à l’avance pour préparer des élections était quelque chose de tout à fait inédit au sein du mouvement abertzale où les décisions de se présenter aux élections (jusque là aux législatives et cantonales), qu’il s’agisse du mouvement Enbata ou de EHAS, étaient souvent prises peu de temps avant les élections, quand ce n’était pas à la dernière minute.
Deux mois plus tard, dans le numéro 12 d’Izan Hitzak, Jakes Abeberry entra dans le vif du sujet avec un article intitulé : « Les municipales ». Il indiqua que des contacts avaient déjà été pris avec des mouvements abertzale : le dialogue avait été positif avec Ezker Berri (groupe de jeunes mené par Ellande Duny-Pétré, qui éditait la revue Gernika) ; Herri Talde avait répondu qu’il réfléchirait plus tard ; EHAS n’avait pas répondu. Il souligna l’esprit de la démarche « souple et solidaire » et informa que la campagne de sensibilisation d’Izan commencera le 15 avril ; trois zones étaient ciblées : le monde rural (Haute-Soule, Basse-Soule, Ostibarret) ; la zone intermédiaire (Ascain, Sare, Saint-Pée) et le monde urbain avec notamment les municipalités d’Hendaye (tenue par la gauche) et de Biarritz (tenue par la droite) ; puis il brossa les grandes lignes d’un programme minimum de gestion municipale Herritarki concernant la culture basque (à laquelle 1% du budget municipal devait être affecté),  l’économie, les médias, la démocratie communale, l’organisation administrative départementale et les relations avec le Pays Basque Sud.
D’avril à novembre 1981, de nombreuses réunions d’informations d’Izan eurent lieu pour expliquer la démarche Herritarki : à Saint-Pée, Sare, Ostabat, Saint-Palais, Biarritz, Hendaye, Espelette, Bayonne, Bidart, Arbonne, Ahetze, Guéthary, Arcangues, Bassussary, Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Garazi, Tardets, Sauguis, Camou-Cihigue, dans le Bas-Adour et à Hasparren ; au total, plus de 300 personnes participèrent à ces réunions. Le principal enseignement qui s’en dégageait était que tout le monde avait senti la nécessité de bâtir une stratégie municipale sur les trois provinces, même si cette présence devait prendre des formes multiples en fonction des situations locales.
Des « Assises municipales » eurent lieu au Trinquet Berria de Hasparren le 9 janvier 1982 : 60 personnes sont présentes et il y a 40 excusés. Une présence basque aux municipales qui s’appellera « Herritarki » fut adoptée et une structure de coordination et d’information fut élue ; une délégation provisoire de 11 membres fut également élue.
Malgré un gros travail sur le terrain, les résultats des municipales de mars 1983 —qui virent en Pays Basque un fort retour du conservatisme— ne furent pas très brillants pour Herritarki.
A Bayonne, une liste « Bayonne-Capitale, Baiona Herri Nagusi » menée par Claude Harlouchet et soutenue par le PSU recueillait 833 voix et 4,49% des suffrages exprimés ; il manquait 95 voix à Claude Harlouchet pour dépasser le seuil de 5% des suffrages exprimés et être élu ; à noter que c’était la première fois qu’une liste basque se présentait aux élections municipales à Bayonne.
A Urrugne, une liste Herritarrak obtint 10% des voix ; sa tête de liste, Danielle Pilotte, fut élue.
A part cela, quelques abertzale étaient élus sur des listes de gauche comme Maurice Borthayrou à Anglet, Kotte Ezenarro —sans doute plus abertzale à l’époque qu’il ne l’est aujourd’hui !— Jean Calbete et Martine Molle à Hendaye et Benito Zubeldia à Saint-Jean-de-Luz.
Si Marie-Andrée Arbelbide conservait sa mairie de Hélette, Michel Berger (qui avait intégré dans sa liste Ramuntxo Camblong, directeur de la Scop Copelec) était battu à Villefranque de même que Andde Darraidou à Espelette ; à Biarritz, quatre abertzale menés par Jakes Abeberry avaient intégré la liste socialiste menée par le député Jean-Pierre Destrade, liste qui subit une lourde défaite face à la liste du maire sortant Bernard Marie et de son premier adjoint, Didier Borotra ; de même à Saint-Pierre d’Irube, la liste de gauche- au sein de laquelle se présentaient Alain Iriart —dont c’était la première apparition électorale—, Philippe Lerat et Jean-Pierre Seiliez, ancien Président de Seaska- était lourdement défaite.
On ne peut pas dire que le coup d’essai de « Herritarki » avait été en 1983 un coup de maître ; le numéro 21 d’Izan Hitzak d’avril 1982 —dont les 16 pages sont consacrées au bilan de ces municipales— le constate amèrement : « Donc malgré les initiatives préalables (dès le début 1981) de coordination avec Ehas et Herri Talde, il n’y a pas eu sur le terrain d’unité dynamique et sans réserves… Surtout, l’étiquette « abertzalisme modéré », « notabilisme abertzale » a continué de se répandre complaisamment tout au long de l’année 1982, à propos de la démarche Herritarki … Il est cependant temps de dire : stop ! Mais qui sera capable d’arrêter cette guéguerre castrant la majorité des abertzale… »
Du moins dans le camp abertzale, beaucoup avaient fait leur, l’affirmation martelée depuis deux ans par Izan, à savoir : « Le pouvoir municipal est celui qui est perçu le plus directement par l’électeur, celui qui est le plus proche du citoyen ; les orientations de la municipalité touchent le citoyen dans sa vie de tous les jours ».  Herritarki avait eu le mérite d’initier un mouvement et les élections municipales suivantes marqueront pour les abertzale de notables avancées.

Le Plan 1500 emplois d’ici à 1985 : la naissance de l’association Hemen et de la Société Anonyme Herrikoa
Avec le volet économique, Izan a enclenché sans nul doute sa plus grande réussite, un mouvement qui ira crescendo jusqu’à aujourd’hui, avec des résultats brillants et encourageants même si dans les toutes premières années, ceux-ci restaient pour les fondateurs en deçà de leurs espérances.
Le 28 janvier 1979, lors de la fondation d’Izan, est approuvé le Plan 1500 emplois qui avait été concocté par les fondateurs au premier rang desquels Patxi Noblia et Jean Idieder. De quoi s’agissait-il ? Plusieurs constats étaient faits : à l’époque, le chômage touchait en Pays Basque 8% de la population ; l’emploi était sous rémunéré ; les entreprises importantes dépendaient de centres de décisions extérieurs ; la condition nécessaire à l’emploi était le capital ; l’épargne locale représentait en 1979, 6 milliards de francs ; la moitié de cette épargne était investie hors du Pays Basque. Le but était de mobiliser une très faible partie de cette épargne basque pour l’affecter à la création d’emplois en Pays Basque. Les objectifs de départ étaient de 1000 souscripteurs et de 5 millions de francs. Les objectifs pour 1985 étaient de 1500 emplois avec l’apport de 5000 actionnaires apportant 20 millions de francs.
Dans la foulée de Hasparren, un Centre d’Etudes et de Recherches Socio Economiques Basques (CERSEB) sous la présidence de Beñat Dassance, maire d’Ustaritz, fut créé qui enregistra d’emblée l’adhésion de 28 municipalités. Puis en août 1979, naquit une association : Hemen avec Andde Darraidou comme président ; Hemen définissait ainsi les deux axes de sa démarche : nous prendre en charge nous-mêmes pour contribuer à la création de postes de travail ; contribuer à l’instauration d’un esprit collectif de solidarité et de développement. Des correspondants locaux furent mis en place ; ils animèrent de nombreuses réunions. Le Plan 1500 emplois est lancé en juin 1979. On se donna un an pour arriver aux objectifs ; à l’époque, la loi Monory permettait pour les souscriptions en capital, une réduction du revenu imposable de 5000 francs par personne.
Au 30 juin 1980, malgré la mobilisation de plus de 300 personnes, seuls 304 souscripteurs avaient répondu, représentant un capital de 1.451.000 francs (c’était en capital un peu moins du tiers de ce qui avait été prévu). L’assemblée Générale de Hemen le 9 juillet à Hasparren décida de prolonger le délai de travail jusqu’au 31 octobre 1980 pour rassembler des promesses d’engagements supplémentaires. Grâce à un travail intense des militants durant tout l’été, à l’automne 1980, la Société Anonyme Herrikoa put être constituée avec 699 actionnaires (donc, 69,9% de l’objectif et un capital de 2 580 000 Francs (soit 51,6% de l’objectif). Les responsables jugèrent que le verre était à moitié plein plutôt qu’à moitié vide et décidèrent de tenter l’aventure. On constatait que si Baigorri et la Soule avaient bien répondu, par contre les apports du BAB, de la Côte et de Garazi avaient été très faibles. Dans le numéro 8 d’ Izan Hitzak , de septembre 1980, Patxi Noblia relevait que seules 12 entreprises avaient jusqu’alors souscrit, ce qui était un résultat décevant, et que les militants de EHAS et des Herri Talde avaient été absents de la campagne de mobilisation.
Le 20 novembre 1979, les fondateurs de Herrikoa qui signèrent les premiers statuts étaient : Ramuntxo Camblong, Andde Darraidou, Jean Roch Guiresse, Mikel Ithurbide, Philippe Lerat et Patxi Noblia. L’apport de la Société Anonyme Sokoa fut déterminant dans cette fondation.
Le premier Conseil d’Administration de Herrikoa se voulait le reflet de la situation géographique : Henri Othondo représentait la Soule ; Dominique Davant, Garazi, Baigorri et Saint-Palais ; Mikel Ithurbide et Ramuntxo Camblong, le BAB ; Robert Arrambide et Patxi Noblia, Hendaye ; Marc Teyseyre, Saint-Jean-de-Luz et Dominique Bessonart, Ustaritz, Hasparren et Saint-Pée. Chaque élu avait pour mission de participer à la décision du choix des investissements et aussi d’animer l’équipe locale de Hemen à laquelle il devait appartenir.
Herrikoa se définissait comme un organisme financier mutuel ; la philosophie générale se trouvait résumée dans la phrase suivante : « Vivre et travailler au Pays en se prenant en charge pour réaliser nous-mêmes nos propres entreprises en leur donnant le caractère que nous voulons. »
En janvier 1981, Patxi Noblia était élu Président du Conseil d’Administration et Mikel Ithurbide, administrateur délégué.
Un animateur professionnel, Mattin Larre, de Hasparren, diplômé de Sup de Co Bordeaux fut recruté à partir du 15 février 1981 ; il était assisté —déjà !— pour l’administration et la gestion par Marie-Claire Sallaberry, de Hélette. Herrikoa s’installa dans un bureau de la Société « Collectivité Services » au 7, boulevard Jean Jaurès à Bayonne, près de la fameuse « Villa Chagrin ». Le départ de Mattin Larre dans le courant de l’année 1983 sera compensé en août par l’arrivée de Pantxoa Bimboire.
Le nombre d’actionnaires et le capital ne cesseront d’évoluer dans les années suivantes : en ce qui concerne les actionnaires, ils étaient 860 en 1982, 1150 en 1983, 1525 en 1984 ; quant au capital, il passera à 3.167.500 francs en 1982, à 4.100.000 francs en 1983 et à 5.232.500 francs en 1984. Il avait fallu quatre ans pour parvenir aux objectifs fixés pour le départ en 1980.
Les 500 000 Francs provenant des Caisses d’Epargne de Donostia et de Bilbao ne furent débloqués qu’en mai 1983, après plus de six mois d’innombrables et épuisantes démarches auprès des ministères parisiens.
En ce qui concerne le nombre d’emplois que Herrikoa avait contribué à créer par ses prises de participations ou ses apports en capital dans des sociétés, il passait en terme d’emplois nets (c'est à dire une fois déduites les pertes d’emploi) à 108 en 1981, 167 en 1982, 283 en 1983 et 384 en 1984.
Ainsi furent les premiers pas de la Société Herrikoa- Société de capital-risque pour le développement économique en Pays Basque- qui eut par la suite une longue histoire, émaillée de nombreux épisodes dont le plus rocambolesque fut la manifestation en mars 1988, Place de la Bourse à Paris, contre une décision de la C.O.B. (Commission des Opérations de Bourse). Les badauds parisiens purent à cette occasion, admirer avec stupéfaction les leveurs de pierre basques.
Aujourd’hui, Herrikoa réunit 4613 actionnaires dont 4143 personnes physiques, dispose d’un capital de 3.800.464 Euros, a investi plus de 10.700.000 euros dans 346 projets d’entreprises et a contribué à la création et au maintien de 2645 emplois (chiffres de fin 2011).

Le Jumelage Populaire Bayonne-Pampelune : la naissance de l’Association Iruña
A l’automne 1979, Izan formula l’idée de travailler- comme exemple d’initiative transfrontalière de nature à faire mieux se connaître les populations d’Iparralde et d’Hegoalde- à la relance du jumelage Bayonne-Pampelune. Là encore, Jakes Abeberry -pourtant un biarrot !- en fut le pionnier. Un jumelage officiel existait entre les municipalités depuis 1960, mais les choses avaient changé depuis le mois d’avril 1979 avec les premières élections démocratiques et l’élection d’un maire socialiste à Pampelune. Le moment paraissait propice à une relance de ce jumelage. La critique du jumelage officiel était sévère de la part d’Izan ; on lit en effet dans Izan Hitzak, numéro 1 de décembre 1979 : « Cependant, on ne peut pas dire que l’histoire de ce jumelage soit particulièrement riche et fournie, ni qu’il ait donné lieu à des manifestations spectaculaires. Malgré l’existence de ce jumelage, les relations entre ces deux villes depuis vingt ans sont demeurées trop rares, trop espacées, trop protocolaires. Elles se sont pratiquement limitées à une « journée de Bayonne » aux San Fermines et à un « Jour de Pampelune » aux Fêtes de Bayonne, donnant lieu aux réceptions officielles et réciproques des deux municipalités ».


En 1979, réunion du comité de jumelage. De gauche à droite: Jakes Abeberry, Mirentxu Irigoyen, Michel Burucoa, Peio Daverat, Rafa Valdivieso, Javier Yaben et Jean-Louis Harinordoquy

A Irunea, rencontre pour le jumelage. De gauche à droite: Jakes Abaeberry, Ducler, Jean-Claude Larronde, Jean-Pierre Aren, Carlos Santamaria, Jean-Pierre Brisset, Patxi Baraibar, Javier Yaben, Mirentxu Irigoyen, Javier Arlaban, X, Peio Daverat. 
Le pamplonais vivant à Bayonne Kote Cabases informa le groupe Izan de l’existence d’une « société gastronomico-culturelle » dénommée Iparla qui venait de se constituer à Pampelune et où il comptait de nombreux amis abertzale.
C’est ainsi qu’une première réunion fut organisée dans le local d’Iparla (Descalzos, 83) au mois de mars 1980. Participèrent à cette réunion : pour Izan, Jakes Abeberry, Joseba Aguirre, Michel Burucoa, Peio Daverat, Jean-Louis Harignordoquy, Mirentxu Irigoien, Antxon Lafont, Pantzi Noblia, Patxi Noblia et moi-même. Javier Yaben menait la délégation pamplonaise. Après l’ajoarriejo et le cordero chilindrón, la réunion porta sur la question suivante : « Comment donner un caractère populaire, solide et quotidien au jumelage Iruña-Baiona qui actuellement est quelque chose d’artificiel, d’endormi et de théorique ? »
Les réunions se succédèrent ensuite dans les deux villes avant la réunion décisive d’août 1980 à Lesaka (où eurent lieu par la suite de nombreuses réunions, ce village se trouvant à peu près à mi-distance des deux villes). Iparla avait invité Eusko Ikaskuntza de Navarre, quelques animateurs culturels et sportifs et Javier Martinez, de l’université Populaire San Juan qui était déjà en contact avec Jean-Pierre Brisset, de la MJC de la ZUP.


Le logo sur un autocollant de l'association
C’est cette réunion qui arrêta le programme de la semaine culturelle de Pampelune à Bayonne qui se déroula du 6 au 12 octobre 1980 avec les activités suivantes : trois expositions (Voies de communications Bayonne-Pampelune, de photographies sur Pampelune et la Navarre et sur les peintres navarrais), concert vocal, table ronde d’historiens sur les relations entre les deux villes, cinéma navarrais, table ronde sur les voies de communication entre les deux villes, rencontre entre les médecins, kantaldi, dantzaldi, rencontres sportives (pelote, natation, judo, rame, cyclotourisme, rugby, handball et basket féminin) et un repas de 700 couverts sous les Halles de Bayonne. La plupart de ces manifestations étaient gratuites. Il y a lieu d’ajouter un match de football entre l’équipe de l’Osasuna et une sélection bayonnaise, l’Aviron Bayonnais ayant refusé d’organiser la rencontre ; l’éditorialiste d’Enbata écrivit : « On n’empêchera jamais les arrières pensées de vagabonder dans les cervelles tordues. Le dirigeant d’un grand club n’avait-il pas fait obstacle à la participation de ses joueurs à une rencontre pourtant flatteuse avec l’équipe professionnelle de l’Osasuna, au motif que la recette (?) servirait à financer les mitraillettes de l’ETA ? » L’entrée gratuite au match fut donc décidée par les organisateurs pour anéantir cette affirmation stupide.

Rencontre pour le jumelage entre Javier Arlaban et Rafa Valdivieso
Après le bilan de cette semaine, il apparut aux responsables bayonnais qu’il convenait de structurer les initiatives. C’est en novembre 1980, qu’eut lieu à la Salle Saint-Ursule, en présence d’une cinquantaine de personnes, l’Assemblée générale constitutive de l’association Iruña. « Iruña eta Baionaren arteko Anaitasuna. Association pour le Jumelage Populaire Bayonne-Pampelune » dont le siège fut fixé au siège d’Orai Bat, 18 rue Benoît Sourigues. Un Conseil d’Administration de 20 membres fut élu dans lequel étaient représentés 11 clubs, associations ou sociétés de Bayonne. Dans la foulée, un Bureau était élu. Président : Peio Daverat ; Vice-Présidents : René Mariné et Jean Nesprias ; Secrétaire Général : Jean-Claude Larronde ; Secrétaire : Mirentxu Irigoien ; Trésorier : Michel Burucoa.
Pour le match retour l’année suivante dans la capitale navarraise, nos amis pamplonais s’étaient eux aussi organisés ; ils avaient fédéré une cinquantaine d’organisations et créé une Commission :   « Iruña-Baionako Batzorde Herrikoia-Jumelaje Popular Bayona-Pamplona » dont les principaux responsables furent Javier Yaben, Andoni Santamaría, Eugenio Arraiza, Javier Martinez et Javier Arlabán.

Réunion pour le jumelage à la CCI de Bayonne
Du 24 au 31 mai 1981, eut lieu la semaine de Bayonne à Pampelune qui vit la participation d’un grand nombre de sociétés, groupes et clubs bayonnais : je mentionnerai simplement une grande cavalcade labourdine et bas-navarraise dans le quartier de « La Chantrea » avec Orai-Bat et Baiona Banda, un concert au Théâtre Gayarre de l’Orchestre Régional de Bayonne Côte Basque sous la direction de Daniel Dechico, un concert de l’Harmonie Bayonnaise avec son homologue « La Pamplonesa », des rencontres sportives, des conférences historiques, une fête sur la Plaza del Castillo, un repas populaire et un repas de gala d’anthologie servi par le chef bayonnais Pierre Marmouyet.


Pour le jumelage, repas populaire sous les anciennes halles de Bayonne
En 1982, l’appui de l’ancien maire de Pampelune, Miguel Javier Urmeneta et à Bayonne, celui de l’adjoint au maire, Maurice Touraton facilitèrent les choses et il y eut les 5 et 6 juin à Bayonne, un week-end d’animations navarraises avec de nouveau un grand repas populaire de près de 800 couverts sous les Halles de Bayonne.
Mais l’année suivante, on sentit un essoufflement et une lassitude chez les responsables bayonnais et pamplonais face aux incessantes embûches dressées par les municipalités, frileuses face à ces initiatives populaires qu’elles ne contrôlaient pas ; constat était fait aussi que les associations des deux villes avaient du mal à nouer des contacts directement entre elles, hormis les jumelages de quartier qui continuaient à fonctionner (la MJC de la ZUP animée par Rafa Valdivielso avec San Juan, la MJC du Polo Beyris animée par Peio Durruty avec La Chantrea, la MJC de Balichon avec La Magdalena). Cependant, de nombreux liens personnels et même familiaux noués à cette époque se maintiendront au fil des années et jusqu’à aujourd’hui.
La Fédération des artistes, intellectuels et animateurs de l’art et de la culture basques : l’association Ereileak.
Au début de 1980, Izan lança également l’idée de créer une Fédération des artistes, intellectuels et animateurs culturels ; dès le début, Philippe Oyhamburu fut la cheville ouvrière de ce projet ; une première réunion eut lieu au local d’Izan en janvier 1980 ; suivirent deux réunions à la mairie de Villefranque mais c’est au Trinquet de Bidarray le 23 avril 1980 que les choses se concrétisèrent comme le rapporte Philippe Oyhamburu dans le n°5 d’Izan Hitzak de mai 1980 ; l’objectif était de s’adresser aux créateurs et interprètes dans le domaine du spectacle et dans celui des disciplines plastiques ou intellectuelles mais aussi de s’adresser aux animateurs culturels. Le siège social fut fixé au Musée Basque de Bayonne et un bureau provisoire fut élu avec comme président Philippe Oyhamburu, comme secrétaire générale, Monique Arosteguy et comme Trésorier, Peio Ospital. Le Conseil d’Administration comprenait : Ernest Alkat, Jean-Pierre Artola, Michel Berger, Alexandre de la Cerda, Michel Ducasse, Jean Espilondo, Philippe Etcheverry, René Gélos, Jean-Louis Harignordoquy, Jean Idieder, Mattin Larzabal, Roger Razin, Yann Trellu et Koxe Urtizberea.
La Fédération pouvait avoir pour adhérents des associations ou sections groupant les créateurs ou diffuseurs d’une discipline donnée. Six sections étaient définies : les Plasticiens (c'est-à-dire les peintres, sculpteurs, architectes et artisans d’art) ; les Chanteurs et Musiciens ; les Bertsularis, les Animateurs culturels et enfin une dernière section regroupant les photographes, écrivains, chorégraphes et danseurs. Il était décidé de mettre en place une coordination des manifestations culturelles, et l’idée était lancée d’organiser une semaine culturelle illustrant l’état de l’art et des lettres basques.
Enfin en juin 1980, une réunion à la Mairie d’Ustaritz élit un bureau définitif ; Président : Philippe Oyhamburu ; Vice-Président : Alexandre de La Cerda ; Secrétaire : Monique Arostéguy ; Secrétaire-adjoint : Jean-Louis Harignordoquy ; Trésorier : Peio Ospital ; Trésorier adjoint : Koxe Urtizberea. Parallèlement, les sections élisaient leurs représentants ; Bertsularien Lagunak (c’est donc la naissance de l’association Bertsularien Lagunak qui existe toujours, plus vivante que jamais et dont le siège actuellement se trouve à Larraldea, quartier Amotz à Saint-Pée, chez notre ami Andoni Iturriotz) : Michel Itzaina, Jean-Louis Harignordoquy, Jean-Pierre Mendiburu ; Journalistes : Alexandre de la Cerda, Philippe Etcheverry ; Pierre Buessard ; Chanteurs : Peio Ospital, Iker Robles, Niko Etxart ; Plasticiens : Roger Razin, René Gélos, Haramboure ; Autres artistes : Monique Arosteguy, Philippe Oyhamburu ; Coordinateurs : Mattin Larzabal, Jean Espilondo, Jean-Pierre Artola.
Ereileak organisa une semaine culturelle du 20 au 28 septembre 1980 à Villefranque ; un chapiteau fut loué et des salles de la mairie furent mises à disposition par le maire, Michel Berger. Le programme était particulièrement fourni avec des expositions, des kantaldi, des dantzaldi, des conférences, des table-rondes, des parties de pelote, des repas…
Par ailleurs, Jean Espilondo et Jean Idieder s’attelèrent à une « Introduction à l’élaboration du projet de statut de l’euskara en France » mais il est vrai qu’en 1981, ce projet fut supplanté par celui élaboré par les Assises de la Culture Basque qui se mirent en place –comme nous l’avons vu- à partir de septembre 1981.
Malheureusement, la semaine culturelle de Villefranque fut la dernière manifestation d’Ereileak ; le compte-rendu du Bitzar Nausi d’Izan à Ahetze du 5 juillet 1981 précise qu’Ereileak s’est essoufflé, que les participants auraient préféré que l’accent soit davantage mis sur la Fédération et les actions de coordination ; la cause principale de la disparition d’Ereileak doit plutôt être recherchée dans la démission de Philippe Oyhamburu qui semble avoir souffert après la semaine de Villefranque, selon le compte-rendu cité, de « critiques extérieures en forme de rumeurs, uniquement destructrices. »
Sur le plan culturel, on peut aussi faire état au début des années 1980 de la création de la revue d’études Ekaina éditée par l’association Amalur. Parmi ses fondateurs et premiers membres, deux militants d’Izan, Jean Espilondo et Christian Laprérie.


Comment était perçu Izan par les groupes et mouvements abertzale de l’époque ? 
Il ne s’agit pas ici de polémiquer, ce qui serait complètement ridicule de ma part, trente ans après les événements décrits, mais d’essayer de faire œuvre d’historien en rapportant le plus fidèlement et le plus sereinement possible les positions de ces groupes et mouvements.
-Le groupe de jeunes Ezker Berri, mené par Ellande Duny-Pétré et qui éditait la revue Gernika, participa dans un premier temps à la démarche des «Assises» par l’intermédiaire notamment d’un de ses militants, Peio Baratxegarai ; mais celui-ci se retira dès octobre 1978, après une réunion —raconta-t-il— où il se retrouva avec 9 participants dont 7 étaient «des représentants économiques de la Côte» ; Ezker Berri jugea que les « Assises » « faisaient plus appel à la réflexion, à la compétence qu’à l’exaltation du sentiment basque » mais il faut noter que Gernika accorda dans ses colonnes une grande place au Plan 1500 emplois, à Hemen et à Herrikoa.
-EHAS Euskal Herriko Alderdi Sozialista-Parti Socialiste du Peuple Basque naquit en 1974 en appelant à voter pour François Mitterrand à l’élection présidentielle ; curieusement, il se saborda en mai 1981, à la veille de l’élection de ce dernier. Il éditait le mensuel Euskaldunak et était animé notamment par Manex Goyhenetche et Battitta Larzabal. Il recueillit le même faible score aux législatives de mars 1978 qu’aux cantonales de mars 1979 (3,6 % des suffrages exprimés). Les rapports qu’il entretint avec Izan furent assez froids. Euskaldunak (n°68 de février 1980) accusa Izan de «  se réfugier dans le flou idéologique » mais les critiques les plus vives furent contenues dans le numéro suivant (n° 69 de mars 1980) : le projet jugé «  réformiste » d’Izan « manque de clarté et laisse beaucoup de choses dans la confusion ». EHAS s’affirmait révolutionnaire et écrivait : « Qu’il faille « prendre en mains notre économie », certes ! Mais cette prise en main suppose l’obtention d’un pouvoir économique et politique aux mains d’un peuple Basque qui sera réellement obtenu en cassant l’impérialisme et par la réappropriation collective de nos moyens de production et d’échange. » Un langage marxiste classique, bien dans l’air du temps…
-Herri Taldeak se définissait comme « une organisation abertzale de gauche qui, dans les luttes sociales et culturelles agit pour la libération sociale et culturelle d’Euskadi nord pour aboutir à une Euzkadi socialiste unifiée. » Cette organisation était souvent présentée comme la vitrine légale de l’organisation violente Iparretarrak. Un hebdomadaire d’informations générales Herriz Herri était proche de ses thèses ; son premier numéro vit le jour le 20 novembre 1980. Les militants des Herri Talde se désintéressèrent à peu près complètement des idées et du programme d’Izan, qui n’ont eu dans les colonnes de Herriz Herri qu’un très faible écho.
-Quant à Iparretarak, l’organisation se déclara dans son organe clandestin Ildo (n°6 de mars 1981) comme hostile au département basque : « Le département est une structure centralisatrice, une arme redoutable aux mains du capitalisme français. La création d’un département basque ne ferait que renforcer des structures que nous refusons et combattons. » Un communiqué d’Iparretarrak d’octobre 1981 fustigeait les abertzale qui avaient appelé à voter Mitterrand : « L’attrait du pouvoir leur fait oublier la revendication principale du peuple travailleur basque : la libération nationale et sociale. »
-Le « journal d’expression libertaire » Erran dans son n°1 d’avril 1980 écrivit à propos du département Pays Basque : « Ce département peut être aussi le tremplin nécessaire à une bourgeoisie locale, plus ou moins renouvelée, reprenant conscience d’elle-même pour développer ses activités et qui peut même jouer la carte « autogestionnaire », de la création d’emplois, pour attraper les gens et les exploiter encore ; alors …méfiance ! »
-Le groupe abertzale révolutionnaire Hordago intégra souvent Izan dans son analyse de la situation politique en Iparralde. C’est certes pour le critiquer : « Il n’est jamais fait référence à la lutte de classes ni à la nature du pouvoir », lit-on dans le n° 1 de Eduki en novembre 1979. Le document de sa branche politique Laguntza, le document Borroka Azkar de décembre 1982 proposa une analyse d’Izan : « Il n’est pas anti-système mais cherche à mieux intégrer le Pays Basque Nord à la « société moderne ». Il en découle une stratégie d’interpellation du pouvoir, de négociation et de gestion technocratique des problèmes. » Mais étant donné le peu de crédit que ce document donnait à la gauche abertzale, « terme vide de sens », il est accordé à Izan une importance et une influence exagérées : on lit en effet : « Dans le mouvement abertzale, seul Izan possède actuellement une stratégie cohérente et l’applique avec efficacité. Il risque à long terme d’entraîner tout le mouvement abertzale derrière lui. »
On le voit, en règle générale, les critiques à Izan ne manquaient pas, venues du camp abertzale ; Jean Espilondo constata avec humour dans le numéro 18 d’Izan Hitzak (mai 1982) : « Nous devons être aux yeux de ces censeurs et pour leurs ouaillesclassés mais classés à tout prix à droite ou dans le meilleur des cas, « bourgeois de gauche. »


En conclusion, Il est certes aisé de relever les insuffisances, les lacunes et même les échecs d’Izan. Parmi ceux-ci :
-La revendication institutionnelle n’a pas été satisfaite : nous le savons tous avec les débats actuels sur la Collectivité Territoriale Pays Basque ;
-le faible nombre relatif de militants n’a pas permis un ancrage suffisamment profond des idées et du programme d’Izan dans la société basque de l’époque ;
-les questions agricoles qu’on se proposait au début d’approfondir n’ont pas été évoquées de même que les questions environnementales, si importantes aujourd’hui ;
-Le Jumelage avec Pampelune n’a pu continuer ; cette idée pourtant essentielle de jumelages populaires entre communes du Pays Basque Nord et du Pays Basque Sud n’a pas connu de développements spectaculaires, si l’on excepte Hasparren-Azpeitia grâce au travail opiniâtre de Dani Camblong, et quelques trop rares autres exemples ;
-Les relations avec les partis politiques du Pays Basque Sud ont été inexistantes ; Izan n’a jamais rencontré comme il l’avait envisagé, ni Herri Batasuna ni le Parti Nationaliste Basque ; seule une réunion —et une seule— avec Euskadiko Ezkerra a pu avoir lieu ;
-La Fédération Ereileak n’a eu que quelques mois d’existence.
Mais ces insuffisances, ces lacunes, ces échecs même d’Izan ne remettent pas en cause l’apport important d’Izan à l’histoire du mouvement abertzale en Iparralde.
En effet, Izan a tout simplement inventé une nouvelle façon de faire la politique en Iparralde. Avec Izan, le mouvement abertzale lâche l’utopie, sort des catacombes et se frotte à la réalité de la société basque de l’époque. Sa stratégie conçue par ses leaders, et j’ai dit dès le début qu’il s’agissait de Jakes Abeberry sur le plan politique et de Patxi Noblia sur le plan économique- est tous azimuts.
Izan s’apparente davantage à un groupe de pression qu’à un parti ou mouvement politique ; Izan interpelle sans relâche les acteurs et décideurs susceptibles d’influer sur la vie et le développement du Pays Basque, où que ces interlocuteurs se trouvent, que ce soit à Paris ou en Pays Basque. Non seulement il les interpelle, mais il exerce une pression incessante sur eux, en recourant à tous les réseaux qu’il a réussi à mettre en place.
Izan n’a cure d’investir un pré-carré, de le garder jalousement et d’y planter égoïstement et ostensiblement son drapeau. Ce que cherche Izan au contraire, c’est faire partager ses idées et même que ses idées soient reprises, améliorées et dépassées par d’autres.
Au cours de ses quatre années d’existence, l’investissement de ses militants et sympathisants a été particulièrement important ; là où cet investissement peut être le mieux perçu, c’est dans les développements de l’aventure humaine assez extraordinaire de Hemen-Herrikoa.
Les idées qu’Izan a lancées, les questions qu’il a soulevées, les débats qu’il a suscités et la méthode qu’il a employée sont d’une brûlante actualité et se retrouvent au cœur des problématiques de la société basque d’aujourd’hui.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sarhitza